Sexisme au travail
- Maxime Dhinaut
- il y a 2 jours
- 3 min de lecture

Le sexisme au travail reste une réalité quotidienne malgré l'évolution des mentalités. J'ai pu le constater lors de nombreuses sessions de formation en entreprise, où les témoignages affluent dès que l'on aborde ce sujet sensible. Les manifestations sexistes persistent et leurs impacts sur la santé mentale et la carrière des victimes sont considérables. Heureusement, des outils et ressources se développent pour lutter efficacement contre ce fléau professionnel.
Comprendre les différentes formes de sexisme en milieu professionnel
Le sexisme au travail se manifeste sous diverses formes, allant des comportements dits "ordinaires" jusqu'aux agressions caractérisées. Le sexisme ordinaire, particulièrement insidieux, s'exprime à travers des propos ou attitudes qui semblent anodins mais qui, en réalité, dévalorisent et discriminent. J'ai souvent observé lors de mes interventions en entreprise comment des formulations apparemment banales comme "Bonjour ma cocotte" ou "Elle doit avoir ses règles" normalisent un climat délétère.
Ce que l'on appelle agissements sexistes au travail englobe également les blagues à connotation sexuelle, les incivilités en réunion ou encore la remise en question systématique des compétences professionnelles basée sur le genre. Un jour, pendant une formation sur les risques psychosociaux, une participante m'a confié comment ses idées étaient systématiquement ignorées en réunion, puis reprises et applaudies lorsqu'un collègue masculin les reformulait.
Si les femmes constituent la majorité des victimes, les hommes peuvent également subir des discriminations sexistes, notamment concernant la paternité ou l'expression de leur sensibilité. Les chiffres sont éloquents : 80% des femmes sont régulièrement confrontées à des attitudes ou décisions sexistes au travail selon l'enquête CSEP/BVA, et 66% déclarent avoir déjà subi du sexisme dans leur environnement professionnel d'après un sondage OpinionWay.
L'impact de ces comportements ne doit pas être sous-estimé. Dans ma pratique d'ostéopathie, j'ai pu constater les conséquences physiques du stress généré par ces situations : contractures, maux de tête chroniques et troubles du sommeil sont fréquemment rapportés par les victimes de sexisme au travail.
Prévention des risques liés au sexisme dans l'environnement professionnel
La prévention du sexisme s'inscrit pleinement dans une démarche globale de prévention des risques professionnels. Les employeurs ont une obligation légale de protéger leurs salariés contre toute forme de discrimination et de harcèlement. L'outrage sexiste ou sexuel est désormais sévèrement puni par la loi. Depuis le 1er avril 2023, l'outrage sexiste aggravé est considéré comme un délit et non plus comme une simple contravention.
Lors de mes formations en prévention, j'insiste toujours sur l'importance d'une communication claire et d'une politique de tolérance zéro face aux comportements sexistes. Les entreprises doivent mettre en place des procédures de signalement accessibles et confidentielles. Dans le secteur privé, les victimes peuvent se tourner vers les représentants du personnel et le CSE, tandis que le secteur public dispose d'un dispositif spécifique pour signaler les actes de violence, discrimination et agissements sexistes.
Les formations constituent un levier essentiel, plébiscité par plus de 50% des salariés comme action prioritaire contre le sexisme. Avec mon expérience de formateur, j'utilise des méthodes pédagogiques innovantes incluant des mises en situation et des jeux de rôle pour sensibiliser efficacement aux comportements problématiques. L'humour, utilisé à bon escient, permet souvent de désamorcer les résistances et d'aborder ces sujets délicats de manière constructive.
Le collectif #StOpE (Stop au Sexisme Ordinaire en Entreprise) rassemble plus de 110 organisations engagées dans cette lutte. Les entreprises membres constatent des résultats encourageants : 71% des femmes et 84% des hommes considèrent que leur employeur est activement engagé contre le sexisme, contre respectivement 58% et 66% en moyenne nationale.
Outils et ressources pour lutter contre les discriminations sexistes
De nombreux outils pratiques sont désormais disponibles pour accompagner entreprises et salariés. L'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (Anact) propose un guide complet contenant définitions, exemples concrets et repères opérationnels pour identifier et prévenir le sexisme au quotidien. Mes clients apprécient particulièrement ces ressources que je leur recommande en complément de mes interventions.
Des applications innovantes comme "1001 Égalités" offrent des parcours de formation interactifs via animations, chats et vidéos. Ces formats ludiques et accessibles permettent une sensibilisation efficace de tous les publics. Dans mes formations, j'utilise régulièrement ces supports numériques qui captent l'attention et facilitent l'apprentissage.
Le ministère du Travail et celui des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes ont également lancé un kit "Agir contre le sexisme au travail" qui fournit des outils concrets pour les employeurs et salariés. Ces initiatives gouvernementales témoignent d'une prise de conscience croissante de l'enjeu que représente la lutte contre le sexisme dans le monde professionnel.
L'impact du mouvement #MeToo a été significatif : 67% des femmes se sentent désormais davantage capables d'exprimer leurs envies et préférences. Cette libération de la parole constitue une avancée majeure. Après douze ans d'expérience dans l'accompagnement des entreprises, je constate une évolution positive des mentalités, même si le chemin vers l'égalité reste encore long.

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