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Prévention et conduite à tenir lors d'un accident d'exposition au sang (AES)

Deux fiole avec du sang à l'intérieure

Lors d'une formation en milieu hospitalier la semaine dernière, j'ai été témoin d'une situation qui illustre parfaitement l'importance de notre sujet du jour. Une jeune infirmière, pressée par le temps, a tenté de recapuchonner une aiguille après un prélèvement sanguin. Le geste, bien que banni des pratiques sécuritaires, était presque devenu automatique pour elle. Résultat : une piqûre au doigt et une cascade de procédures d'urgence. Cet incident m'a rappelé pourquoi il est crucial de maîtriser les connaissances sur les accidents d'exposition au sang.


Qu'est-ce qu'un accident d'exposition au sang (AES) ?


Un accident d'exposition au sang représente tout contact avec du sang ou un liquide biologique contaminé par du sang, impliquant une effraction cutanée comme une piqûre ou une coupure, ou une projection sur une muqueuse (œil, bouche) ou sur une peau présentant des lésions. Cette définition s'étend également aux accidents impliquant d'autres liquides biologiques, même sans trace visible de sang.


Ces liquides biologiques comprennent notamment les sécrétions génitales, le liquide cérébro-spinal, synovial, pleural, péritonéal, péricardique et amniotique. Chacun de ces fluides peut potentiellement transmettre des agents infectieux dangereux lors d'un contact accidentel


Les conséquences d'un AES peuvent être graves, avec des risques de contamination variés. Pour l'hépatite B, le risque atteint 30% en l'absence de vaccination, pouvant entraîner une hépatite fulminante parfois mortelle ou une forme chronique dans 10% des cas. Concernant l'hépatite C, le risque de transmission est d'environ 3%, avec 80% d'évolution vers une hépatite chronique pouvant mener à une cirrhose ou un cancer du foie. Pour le VIH, le risque est estimé à 0,3% après une exposition percutanée.


J'ai récemment accompagné une structure médicale dans la mise à jour de ses protocoles de sécurité. J'y ai constaté que de nombreux professionnels sous-estimaient encore ces risques, particulièrement celui de l'hépatite B, malgré sa prévalence plus élevée que le VIH. Cette méconnaissance souligne l'importance d'une formation continue dans ce domaine.


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Les risques infectieux existent aussi dans le secteur des soins à domicile. Voici comment les prévenir.


Les facteurs de risque et les précautions standards


Plusieurs éléments influencent le risque de transmission lors d'un AES. La gravité de la blessure joue un rôle majeur, notamment la profondeur et si le geste était intravasculaire. Le type de matériel impliqué est également déterminant : une aiguille creuse, de gros calibre ou visiblement souillée de sang augmente considérablement les risques.


Les caractéristiques du patient source constituent un autre facteur important. Une virémie élevée ou un patient en phase terminale de SIDA présente un risque accru. L'absence de traitement post-exposition, la quantité de sang inoculé et l'absence de protection contribuent également à augmenter les risques de contamination.

Deux personne dans un laboratoire d'analyse

Pour se protéger efficacement, le respect des précautions standards est indispensable. L'hygiène des mains représente la première barrière contre la contamination, avec un lavage et/ou une désinfection entre chaque patient et chaque activité. Le port de gants devient systématique lors de tout contact avec du sang, des produits biologiques, des muqueuses ou une peau lésée.


Les équipements de protection individuelle comme les lunettes, masques et surblouses s'avèrent essentiels en cas de risque de projection. Lors de mes sessions de formation, j'insiste particulièrement sur ce point en faisant des démonstrations pratiques qui marquent souvent les esprits des participants.


Conduite à tenir face à un accident d'exposition au sang


La rapidité d'action est cruciale en cas d'AES. Pour une coupure ou piqûre, contrairement à certaines idées reçues, il ne faut pas faire saigner la plaie. Il convient de laver immédiatement à l'eau et au savon, puis de rincer abondamment avant de faire tremper la zone touchée dans un antiseptique comme le Dakin, la Bétadine ou l'alcool à 70° pendant 5 minutes.


En cas de projection sur une muqueuse ou dans les yeux, un rinçage pendant au moins 5 minutes avec du sérum physiologique ou de l'eau s'impose. Pour une projection buccale, un bain de bouche à la Bétadine verte est recommandé. Ces gestes simples peuvent considérablement réduire le risque d'infection s'ils sont exécutés correctement et rapidement.


La recherche du statut sérologique du patient source constitue l'étape suivante, avec un prélèvement pour tests VHB, VHC et VIH, sous réserve de son accord. En cas de refus, la prudence impose de considérer le patient comme potentiellement infecté. Une consultation médicale rapide est impérative, idéalement dans l'heure et au maximum dans les 4 heures suivant l'accident.


Cette consultation doit se faire aux urgences de l'établissement hospitalier de référence, en demandant le référent médical AES. Il est essentiel de fournir toutes les informations pertinentes : heure de l'accident, profondeur de la blessure, matériel en cause, geste effectué et port éventuel de gants. Un traitement prophylactique contre le VIH peut réduire le risque de contamination de 80% s'il est administré rapidement.


Les 10 commandements et la prise en charge


Pour les professionnels libéraux, il est important de savoir que le risque d'accident du travail n'est pas couvert automatiquement. La souscription d'une assurance volontaire supplémentaire auprès de la CPAM ou d'un organisme privé s'avère nécessaire. En cas d'AES et avec un contrat volontaire, il faut faire une déclaration d'accident du travail et établir un certificat médical initial.


Au fil de mes années d'expérience, j'ai développé ce que j'appelle les "10 commandements pour prévenir l'AES". Ces principes simples mais efficaces comprennent la vérification de sa vaccination contre l'hépatite B, le port systématique de gants à usage unique, et l'utilisation de matériel sécurisé adapté au geste. Le dépôt immédiat des objets piquants dans un container adapté et le bannissement définitif du recapuchonnage des aiguilles figurent également parmi ces règles essentielles.


Disposer d'un flacon de Dakin non périmé dans sa mallette, connaître la conduite à tenir en cas d'AES et le numéro de l'établissement référent le plus proche constituent d'autres mesures préventives indispensables. Enfin, participer aux formations sur les nouveaux matériels sécurisés et ne pas rester isolé en cas d'AES, compte tenu de l'impact psychologique réel, complètent ces recommandations fondamentales pour tout professionnel de santé.


La gestion des AES doit s’intégrer dans une démarche globale de prévention.


 
 
 

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