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Lien entre TMS et RPS : comprendre la relation entre stress et troubles musculo-squelettiques

Un homme avec sa main dans son dos

Comprendre le lien entre les troubles musculo-squelettiques (TMS) et les risques psychosociaux (RPS) s'avère fondamental pour toute démarche de prévention efficace en entreprise. J'ai récemment accompagné une entreprise industrielle où la direction se focalisait uniquement sur l'ergonomie des postes, ignorant complètement la pression temporelle subie par les opérateurs. Le résultat? Des investissements conséquents dans du matériel ergonomique sans aucune amélioration des TMS. Ce n'est qu'en abordant la question du stress et de l'organisation du travail que nous avons pu observer de réels progrès. Cette expérience illustre parfaitement l'interconnexion profonde entre ces deux familles de risques professionnels.


Les TMS sont souvent liés à des facteurs psychologiques, comme les RPS.


TMS et RPS : deux risques professionnels intimement liés


Les troubles musculo-squelettiques représentent aujourd'hui 87% des maladies professionnelles en France, constituant ainsi la première cause d'arrêts de travail indemnisés. Ces affections touchent les zones périarticulaires - tendons, muscles et nerfs - de toutes les parties du corps, des membres supérieurs et inférieurs jusqu'au dos. Parallèlement, les risques psychosociaux englobent les menaces pour la santé mentale, physique et sociale liées aux conditions d'emploi et à l'organisation du travail.


Le stress apparaît comme le chaînon reliant directement ces deux problématiques. Lors d'une formation que j'animais auprès de managers d'une chaîne logistique, j'ai utilisé un exercice pratique démontrant comment la tension musculaire augmente instantanément sous l'effet du stress. Cette simple démonstration a créé un véritable déclic chez ces professionnels qui séparaient artificiellement ces deux aspects.


Un salarié exposé à un stress permanent développe fréquemment des tensions musculaires chroniques qui favorisent l'apparition de TMS. Inversement, une personne souffrant de douleurs chroniques liées à des TMS peut basculer vers un état anxio-dépressif. Ce cercle vicieux explique pourquoi traiter ces risques séparément constitue une erreur méthodologique majeure dans toute démarche préventive.


Les facteurs communs entre TMS et RPS sont nombreux. Si les TMS résultent d'une combinaison de contraintes biomécaniques, environnementales et psychosociales, les RPS découlent souvent des mêmes sources organisationnelles : intensité excessive du travail, manque d'autonomie, relations professionnelles dégradées ou conflits de valeurs. Cette superposition des facteurs causaux confirme l'approche nécessairement globale de leur prévention.


Des démarches de prévention globales pour une approche multifactorielle


Face à l'interconnexion évidente entre TMS et RPS, une approche préventive intégrée s'impose comme la seule véritablement efficace. La prévention doit s'articuler autour de trois niveaux complémentaires, en privilégiant toujours la prévention primaire qui s'attaque aux causes profondes plutôt qu'aux symptômes. Cette approche permet d'éviter les problèmes avant leur apparition, contrairement aux préventions secondaire et tertiaire qui interviennent respectivement pour renforcer les ressources face aux difficultés ou réparer les conséquences.


L'organisation du travail constitue le principal levier d'action. Réduire la pression temporelle, augmenter les marges de manœuvre des salariés et favoriser l'entraide permettent simultanément de diminuer le stress et les contraintes musculo-squelettiques. Les aménagements ergonomiques des postes de travail doivent s'accompagner d'une réflexion sur la charge mentale et les cadences imposées.


La formation des managers à la détection des signaux faibles joue également un rôle crucial. Un manager capable d'identifier précocement les signes de stress ou de douleur peut intervenir avant l'installation de pathologies chroniques. J'observe régulièrement lors de mes interventions que les entreprises ayant investi dans cette sensibilisation des encadrants réduisent significativement leurs taux d'absentéisme liés aux TMS et RPS.


L'implication de tous les acteurs - employeur, salariés, instances représentatives, services de santé au travail - s'avère indispensable. Le dialogue social régulier autour de ces questions permet d'enrichir le Document Unique d'Évaluation des Risques Professionnels (DUERP) et d'élaborer des plans d'actions pertinents et acceptés par tous.


Impact et conséquences: des coûts humains et économiques considérables


Les conséquences du lien TMS-RPS se manifestent tant au niveau individuel qu'organisationnel. Pour les salariés, l'impact se traduit par des douleurs chroniques invalidantes, pouvant conduire à une inadaptation professionnelle nécessitant un reclassement. Les troubles anxio-dépressifs et l'épuisement professionnel constituent également des issues fréquentes, parfois accompagnés de pathologies cardiovasculaires dans les cas les plus graves.


Pour les entreprises, ces problématiques engendrent un absentéisme coûteux, un taux de turn-over élevé et des difficultés de recrutement. Le présentéisme - cette présence physique mais improductive de salariés souffrants - représente une perte économique souvent sous-estimée. La perte de savoir-faire et la dégradation du climat social complètent ce tableau préoccupant.


Les études économiques attestent que le coût direct des TMS et RPS demeure 2 à 10 fois inférieur à leur coût indirect. Ces données confirment l'intérêt d'investir dans la prévention plutôt que de subir les conséquences de ces risques. Chaque euro investi dans la prévention intégrée génère un retour significatif, tant en termes financiers qu'humains.


La prise en compte simultanée des TMS et des RPS permet également de répondre aux exigences réglementaires concernant l'évaluation des risques professionnels. Les TMS figurant dans plusieurs tableaux de référence de l'Assurance Maladie (tableaux 57, 69, 79, 97, 98), leur prévention constitue une obligation légale que l'approche globale facilite grandement.

Une femme qui a la main sur le front

Le rôle essentiel de l'évaluation dans la prévention des risques interconnectés


L'évaluation rigoureuse des facteurs de risque communs aux TMS et RPS constitue le fondement de toute démarche préventive efficace. Cette évaluation doit s'appuyer sur des indicateurs d'alerte pertinents, tant au niveau de la santé des individus que de la performance de l'entreprise. Les plaintes de douleurs, l'augmentation des arrêts courts, la dégradation de la qualité ou la hausse des conflits interpersonnels constituent autant de signaux à surveiller attentivement.


Le diagnostic approfondi, tracé dans le DUERP, doit examiner les différentes dimensions du travail : biomécaniques (efforts, répétitivité), environnementales (bruit, lumière), organisationnelles (horaires, cadences) et relationnelles (soutien, reconnaissance). Cette approche multifactorielle permet d'identifier les leviers d'action les plus pertinents pour chaque situation spécifique.


Les nouvelles organisations du travail, comme le télétravail, nécessitent une vigilance particulière. Si elles peuvent réduire certaines contraintes, elles en créent souvent de nouvelles, tant physiques que psychologiques. L'évaluation doit donc s'adapter constamment aux évolutions des contextes professionnels pour maintenir son efficacité.


Les outils d'évaluation combinant analyse ergonomique et questionnaires psychosociaux offrent une vision intégrée particulièrement précieuse. Cette approche holistique, que je privilégie systématiquement dans mes interventions, permet d'éviter les angles morts d'une analyse trop segmentée et d'élaborer des plans d'actions véritablement efficaces face à ces risques interconnectés.


Pour prévenir efficacement, il est essentiel de connaître les différents types de RPS.


 
 
 

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