Prévention des risques liés à la circulation interne en entreprise : guide complet des mesures préventives

La circulation interne en entreprise représente un enjeu majeur pour la sécurité des travailleurs. Souvent sous-estimé car relevant du quotidien, ce risque est pourtant à l'origine d'environ 25% des accidents du travail, soit près de 200 000 incidents par an. Au cours de mes interventions en entreprise, j'ai constaté que beaucoup de structures négligent cet aspect, considérant ces déplacements comme banals. Pourtant, les conséquences peuvent être dramatiques avec des traumatismes graves, voire mortels. Il est donc essentiel d'identifier les facteurs de risque et de mettre en place une stratégie de prévention efficace.

Qu'est-ce que la circulation interne et quels sont ses risques ?

La circulation interne en entreprise englobe tous les déplacements effectués dans le cadre professionnel, qu'ils soient motorisés ou non. Cela concerne les entrées et sorties du personnel et des visiteurs, l'acheminement des matières premières, les mouvements entre les différents ateliers ainsi que l'évacuation des produits finis et déchets. Cette mobilité permanente crée des situations potentiellement dangereuses.

Les principaux risques identifiés sont les collisions entre véhicules ou avec des piétons, les heurts avec des obstacles, les chutes de charges et les chutes de plain-pied. Je me souviens d'une intervention dans une usine agroalimentaire où l'absence de délimitation claire entre les zones piétonnes et les voies de circulation des engins avait provoqué trois accidents en moins d'un an. Ce constat alarmant m'avait amené à revoir entièrement leur plan de circulation.

Plusieurs facteurs aggravants sont à considérer. Les voies de circulation inadaptées (trop étroites, mal configurées), l'encombrement des espaces, un éclairage insuffisant ou un mauvais état du sol constituent des dangers significatifs. L'état des véhicules, leur diversité et leur manœuvrabilité influencent également le niveau de risque, tout comme les comportements humains (non-respect des règles, inattention, stress).

En 2008, la circulation en entreprise a causé 575 décès par accident du travail, un chiffre qui illustre la gravité potentielle de ce risque professionnel. La superposition des flux piétons et véhicules, ainsi que la densité de circulation à certains moments de la journée, amplifient considérablement les dangers pour tous les usagers des espaces de travail.

Les mesures préventives contre les risques de circulation interne

La prévention des risques de circulation interne repose sur trois piliers complémentaires : organisationnel, technique et comportemental. Une approche globale est nécessaire pour garantir l'efficacité du dispositif préventif.

Sur le plan organisationnel, l'établissement d'un plan de circulation constitue la pierre angulaire de toute démarche préventive. Ce document identifie les flux, repère les zones critiques et permet d'optimiser les déplacements. Dans ma pratique, j'encourage systématiquement les entreprises à réduire les distances entre les points à desservir et à séparer clairement les flux piétons des flux véhicules. La mise en place d'un protocole de sécurité pour les opérations de chargement/déchargement s'avère également indispensable.

Les mesures techniques complètent ce dispositif avec un dimensionnement adapté des aires de circulation. Pour un piéton seul, prévoir 0,80 m en sens unique et 1,50 m en double sens. Ces dimensions augmentent considérablement pour les véhicules : 3 m en sens unique et 5 m en double sens pour un véhicule léger, 4 m et 6,50 m pour un poids lourd. L'équipement des aires de circulation ne doit pas être négligé : revêtement antidérapant, éclairage approprié (minimum 40 lux en intérieur), marquage au sol et signalétique conforme.

Le volet comportemental reste essentiel pour ancrer durablement les bonnes pratiques. La formation des travailleurs aux risques et règles de circulation, notamment via les CACES pour les conducteurs d'engins, constitue un investissement rentable. J'ai pu constater lors de mes sessions de formation que l'implication du personnel dans l'analyse des risques renforce considérablement l'adhésion aux mesures préventives.

Les déplacements internes comportent aussi des risques de chutes qu’il faut anticiper.

Obligations légales et responsabilités en matière de circulation interne

Le cadre réglementaire impose aux employeurs plusieurs obligations concernant la circulation interne en entreprise. L'article R4224-3 du Code du travail stipule que les lieux de travail doivent être aménagés pour assurer une circulation sûre des piétons et des véhicules. Des normes précises encadrent également les passages pour piétons (largeur minimale de 80 cm) et les voies empruntées par des équipements mobiles.

L'employeur doit établir des règles de circulation lorsque des équipements mobiles évoluent dans une zone de travail (R4323-51) et former les travailleurs à ces règles (R4141-11). Pour les opérations de chargement et déchargement, un protocole de sécurité est obligatoire conformément à l'article R4515-4.

Le non-respect de ces obligations expose l'employeur à des sanctions pénales pouvant atteindre 10 000 euros d'amende. Sa responsabilité civile et pénale peut également être engagée en cas d'accident. Lors de mes interventions en entreprise, j'insiste particulièrement sur ce point car beaucoup de dirigeants sous-estiment les conséquences juridiques d'un manquement à ces obligations.

La prévention des risques liés à la circulation interne nécessite une approche méthodique et rigoureuse. L'identification des dangers, l'évaluation des risques et la mise en œuvre de mesures adaptées constituent les étapes essentielles d'une démarche préventive efficace. L'implication de tous les acteurs de l'entreprise, du dirigeant aux opérateurs, garantit la pérennité des actions engagées et contribue à développer une véritable culture de sécurité.

Les risques de collision ou de chute de plain-pied font partie des dangers majeurs en circulation interne.